Du 15 au 24 avril 2015, le Festival des arts de la parole de Rennes, organisait une pièce de théâtre intitulée Please, Continue (Hamlet), de Yan Duyvendak et Roger Bernat. À cette occasion, Me Gwendoline TENIER y participait en tant que défenseure des droits d'Hamlet.
Synopsis
Dans une banlieue défavorisée, lors d’une fête de mariage, un jeune homme tue le père de sa petite amie. Seule une personne est témoin de la scène : la mère du garçon. Presque trois ans plus tard, le procès s’ouvre. Pour préserver l’anonymat des personnes mises en cause, leurs noms ont été remplacés par des noms de fiction : le prévenu s’appelle Hamlet ; la victime Polonius ; la plaignante et désormais ex-petite amie du prévenu Ophélie ; la mère Gertrude. Hamlet jure que c’est un accident et plaide l’homicide involontaire. De son côté, Ophélie souhaite obtenir la peine maximale pour le meurtrier de son père. Un cas d’école quasi-universel pour ce fait divers désormais aux mains d’un réel tribunal. Tandis que les personnages impliqués dans ce drame familial sont interprétés par des comédiens, ce sont de vrais avocats, juges, psychiatres et huissiers qui officient au nom de la Vérité... Retrouvez deux moments importants de la plaidoirie de Me Gwendoline Tenier.
Le juste et le doute : deux concepts centraux.
Le juste
« Quand Hamlet est entré toute à l’heure dans cette salle d’audience, il a remis son destin et son avenir d’homme entre vos mains. C’est la raison pour laquelle aujourd’hui, nous avons tous une grande responsabilité. La votre tout d’abord. La votre tout d’abord, car vous êtes responsables de la liberté, de la liberté de cet homme. Quant à moi, la mienne, de vous guider le mieux possible, vers cette quête du juste. »
Le doute
« Vous l’avez vu, aujourd’hui, il s’agit de tenter d’assembler des pièces. Des pièces, qui, si elles sont polies, adaptées les unes aux autres, réussissent parfaitement à s’imbriquer, jusqu’à ce qu’elles puissent être toutes réunies de manière à être jointives. C’est exactement ce qui se passe ici. Et si par hasard, toutes ces pièces, tous ces éléments ne le sont pas, s’ils ne réussissent pas à s’assembler parfaitement, c’est tout simplement parce que la construction qu’on vous demande de réaliser n’est pas parfaite. Or, la vérité doit l'être — parce que vous avez conscience du rôle qui est le votre aujourd’hui —, elle doit être absolument parfaite et construite sans aucun défaut. S’il y a ne serait-ce qu’une chose que vous ne savez pas, que vous ne pouvez pas imaginer, ou dont vous n’êtes absolument pas sûr, c’est que l’édifice qu’on vous a demandé de construire depuis le départ est imparfait. Si une pièce manque à la construction, nous sommes bien d’accord qu’elle ne tiendra absolument pas à l’épreuve de la conscience. »
« Ayez le courage de douter. Le courage de douter, vous savez, celui qui vous bouleverse, qui vous contrarie, qui vous chamboule. Mais c’est aussi celui qui nous permet tous de vivre, et de ne pas commettre d’erreur. »